En 43 pages, les talents de Rotomago et Noirel arrivent parfaitement à rendre l'ambiance d'étrangeté de l'oeuvre originale, sur une adaptation qui conserve un total respect. On se demande comment il aurait été possible de faire mieux.
L'album se poursuit sur le poème Nyarlathotep, issue des 'Fungi de Yuggoth', et se termine sur une lettre de Lovecraft à Rheinhart Kleiner relatant le rêve à l'origine de la nouvelle.
Petite remarque lorsque vous chercherez l'album dans les rayons de votre BDthèque favorite, la tranche est totalement noire, ce qui peut le rendre difficilement identifiable en cas de mauvais rangement.
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Interview du scénariste Rotomago par la TocTeam
Toc: Pourriez-vous vous présenter en quelques mots à nos internautes ?Ro: Je suis Rotomago, scénariste de bande dessinée. Nyarlathotep est ma deuxième bd publiée. Avant, il y a eu U-29 réalisé avec Florent Calvez au dessin, d'après Le Temple de Lovecraft, également publié aux éditions Akileos. J'habite Rennes. Julien Noirel vit à Paris. Nyarla est sa première bd publiée. Avant ça, il dessiné notamment quelques planches inspirées de Substance Mort de K Dick toujours inédites. Vous en serez plus en consultant son www.julien-noirel.com InternetSur mon rotomago.free.fr, il y a en ce moment une petite BA pour Nyarla.<Toc: Êtes-vous rôlistes ?Ro: J'ai eu l'occasion de pratiquer les jeux de rôles lorsque j'étais adolescent. Mes jeux préférés étaient L'appel de Cthulhu, bien-sûr, mais aussi Paranoïa, Judge Dredd (d'après la bd britannique) et Stormbringer (inspiré par l'œuvre de Michael Moorcock). Les JDR ont été très formateurs, ils ont affiné ma vision du fantastique et de la SF. J'ai arrêté d'y jouer tout simplement parce qu'il me semblait prioritaire de créer quelque chose dans « la vraie vie ». Je suis également fan de comics et quand je vois des types piquer des crises d'hystéries parce qu'on a changé le costume de leur super-héros préféré, je me dis qu'il est dangereux de trop s'immerger dans des univers de substitution.Toc: Comment avez-vous découvert Lovecraft et le Mythe ?Ro: Par les couvertures des livres de chez J'ai lu (Tibor Csernus) et celles de Press Pocket (C. Broutin…).Toc: Comment est venu l'idée d'adapter une nouvelle de HPL ?Ro: Comme bien d'autres, j'ai toujours eu envie de transposer l'œuvre de Lovecraft en images. Que ce soit par de la sculpture, le dessin, la musique. Et puis il y a eu l'album de BD Cthulhu d'Alberto Breccia que j'ai découvert quand j'avais 13 ans. C'était une révélation.Toc: Pourquoi avoir choisi Nyarlathotep et non un autre Dieu du Mythe ou une autre nouvelle ?Ro: Nyarlathotep trotte dans ma tête depuis bien longtemps, bien des années. Il m'avait déjà inspiré quelques photo-montages. Eh puis un jour, j'ai trouvé le concept pour une adaptation et j'ai commencé à réaliser un découpage sans avoir de dessinateur en vue.Toc: Comment en êtes vous venu à collaborer ensemble ?Ro: J'ai croisé Julien Noirel au festival de St-Malo, j'ai vu pendant quelques secondes des planches qu'il montrait à un éditeur. On a discuté toute la journée et j'ai eu de suite envie de lui confier Nyarlathotep.Toc: La nouvelle de HPL tient à peine sur trois pages. Comment fait-on pour la développer sur une BD ? Vous êtes-vous inspirés d'autres nouvelles de HPL, voir d'autres sources ?Ro: J'ai relu d'autres nouvelles de Lovecraft ou Nyarlathotep est mentionné. J'ai étudié sa correspondance. Il y aussi un article de Will Murray (que je remercie dans l'album)consacré à Nyarlathotep où l'auteur fait un parallèle entre Nyarlathotep et le scientifique d'origine serbe Tesla qui a pu inspirer Lovecraft. Cet article (publié dans Lovecraft Studies, je n'ai pas la référence exacte sous la main, je suis en plein déménagement…)nous a permis de donner un visage à Nyarla. Depuis j'ai découvert un autre visage au Chaos Rampant mais je n'en dirai pas plus...Toc: Sur une planche, on découvre six paysages, dont un représentant un gardien de phare scrutant la mer. Ceci rappelle la nouvelle 'Le bateau blanc'. Ces six paysages sont-ils des portails vers d'autres œuvres de HPL ?Ro: A vous de voir…Toc: En ce début de millénaire, on parle beaucoup de catastrophe climatique et le passage à l'an 2000 a fait ressortir les anciennes peurs . Pensez-vous que l'œuvre de HPL (et d'autres) va prendre une place grandissante dans les années à venir ?Ro: Je le crois. Nyarlathotep comme d'autres œuvres de HPL a un caractère prophétique. De manière générale je crois que l'on prend le fantastique et la science-fiction avec plus de sérieux aujourd'hui. On se rend compte que certains livres, films, ou bds peuvent nous aider à mieux saisir le monde complexe dans lequel nous vivons. Malheureusement aussi pour d'autres la Sf et le fantastique ne sont que des moyens commodes pour aliéner les gens en flattant leurs bas instincts avec des idées creuses. Ainsi le fantastique et la Sf peuvent être de formidables tremplins de spéculation philosophique mais entre de mauvaises mains il peuvent aussi servir à abrutir les foules...Toc: On parle également beaucoup du retour du satanisme et le mouvement gothique s'inspire du Mythe de Cthulhu. Que pensez-vous de cette mouvance ?Ro: Vous voulez parler de la Chaos-magick ou ce genres de trucs ? En se plongeant dans ces courants psycho-esoterico-philosophiques dégénérés, des esprits confus ne font qu'ajouter à leur confusion, c'est Nyarla qui doit être content !Toc: Quels sont vos projets dans un futur proche : un autre album en coopération ?Ro: J'aimerais collaborer de nouveau avec Julien Noirel. Sinon, j'ai d'autres projets en cours dans le domaine de la bd fantastique et d'horreur.Toc: Quelle est la question que l'on ne vous a jamais posé que vous voudriez que l'on vous pose ?Ro: Voici la question : Savez-vous si il y a vraiment des messages subliminaux dans l'album Stained Class de Judas Priest ?